Marielle Jansson-Charrier est gérante de CAE, un bureau d’études francilien qui s’est spécialisé dans l’eau et l’assainissement. Son entreprise familiale fait notamment de l’inspection et du diagnostic de réseaux.

Nous avons recueilli son témoignage suite à la diffusion de notre enquête annuelle du marché du Sans Tranchée.

Votre commentaire à chaud sur les résultats de l’enquête FSTT, sur le volet de l’inspection et du diagnostic de réseaux ?

Photo Marielle Jansson-Charrier - témoignage technique sans tranchée

On observe que l’inspection et le diagnostic par caméra prend le dessus sur la visite terrestre d’un réseau d’assainissement, et je vous confirme que je le constate sur ma propre activité. J’explique ce phénomène à travers trois raisons majeures :

  1. Pour des raisons de protection et de sécurité de nos personnels : qui dit eaux usées dit risque pour la santé, et même si les incidents sont rares, on gagne toujours à aller vers une diminution du risque.
  2. Parce que le matériel évolue dans ce sens : aujourd’hui, on envoie très facilement des robots qui n’existaient même pas quelques années auparavant, avec pour avantage supplémentaire de pouvoir tout enregistrer : c’est un vrai plus pour la personne chargée du diagnostic, pour son client, pour des prestataires ou partenaires externes, etc…
  3. Parce que des normes européennes obligent désormais à effectuer un certain nombre de relevés, or la collecte « digitale » de ces données favorise très nettement leur traitement, notamment dans des gros chantiers où la densité de ces données peut vite atteindre des volumes très conséquents !

L’assainissement est en pleine mutation. On va passer à d’autres techniques extrêmement valorisantes pour les travailleurs du secteur, comme la conduite des robots ou le traitement informatique des données.

Quelles sont les tendances du diagnostic de réseaux enterrés, notamment en matière d’assainissement ?

J’observe 3 grandes tendances sur notre marché.

  1. Il est de plus en plus numérique.

Les technologies jouent un rôle de plus en plus important. De nouvelles réglementations nous poussent à produire des modèles 3D des sols et des canalisations tandis que de nouvelles techniques d’auscultation nous rapprochent de plus en plus de l’univers de la « tech », tant dans l’aspect matériel que logiciel :

  • Sur l’aspect matériel, la baisse des prix nous permet d’utiliser aujourd’hui des technologies réservées à l’armée 10 ans auparavant. La R&D occupe également une place très importante : avec l’un de nos clients, nous sommes en train de mettre au point depuis 4 à 5 ans des techniques « sans chômage » du réseau d’assainissement, autrement dit sans devoir l’interrompre et le détourner. Pour ce faire, on envoie un robot flottant, équipée d’une caméra qui va analyser le dessus de la canalisation et d’un sonar qui balayera la section par le bas.
  • Quant au côté logiciel, le stockage et le traitement des données deviennent des éléments à part entière de nos métiers, et c’est absolument passionnant !
  1. Il se tourne de plus en plus vers le respect de l’environnement

Autrefois, lorsqu’un diagnostic était prévu, il était nécessaire de détourner la canalisation, et ainsi de rejeter par exemple les eaux usées directement dans les rivières. Par respect de l’environnement et grâce aussi à des nouvelles technologies qui permettent de visiter l’ouvrage sans le mettre à sec, ce temps est (quasiment) révolu !

  1. Il s’oriente vers une gestion patrimoniale pragmatique

À la suite d’une étude sur la valeur du patrimoine d’assainissement, il est apparu que la reconstruction à neuf de ces réseaux, parfois très anciens, était financièrement, et parfois techniquement, inaccessible. Cette évidence a permis de faire passer le message qu’il valait mieux entretenir, réparer, réhabiliter les ouvrages plutôt que les reconstruire. Ces diagnostics performants permettent de changer de mode de maintenance en renonçant à la visite et à la réparation systématique tous les dix ans au profit d’une démarche plus prédictive permettant de concentrer les efforts sur les zones les plus dégradées.

Comment se porte le marché du travail dans le secteur de l’inspection des réseaux enterrés ?

Le confinement de 2020 aura clairement eu un double impact : si les chantiers terrain se sont interrompus, le développement de la visioconférence et du télétravail en a été accéléré sur certains volets de notre activité, ce qui est une très bonne chose.

Au-delà de ce contexte particulier, le métier de l’assainissement est nécessaire. Ça pourrait être la 4ième tendance du marché : il est en expansion et peine à recruter !

« Utile et pas futile », l’assainissement :
il faudra toujours s’occuper de nos réseaux d’eaux usagées !

C’est vrai qu’on apprend plutôt à nos enfants à enfiler un costume cravate pour aller travailler plutôt que de descendre dans les égouts, nos métiers peuvent apparaître comme peu attractifs …

Mais étant en pleine mutation, les techniques et les débouchés sont de plus en plus valorisants. Votre enquête le montre déjà et ses prochaines éditions annuelles rendra la tendance encore plus flagrante : l’usage de l’exploration par caméra plutôt que pédestre explose, et avec elle son lot de nouveaux métiers passionnants et emplis de sens ! Alors envoyez-nous vite vos CV !

Consultez l’enquête sur le Marché du Sans Tranchée en France