Adaptation d’un robot pour l’hydrofraisage

La canalisation principale en sortie du réseau d’évacuation des eaux pluviales du tunnel de Ponserand (Grand-Aigueblanche, 73), de diamètre 500 mm et de longueur 55 ml, était obturée à 100% ou presque en plusieurs endroits par des dépôts de béton et de calcite, ce qui entrainait son débordement par temps de pluie : l’inondation des voies de circulation qui en résultait obligeait la Direction Interdépartementale des Routes (DIR Centre-Est), gestionnaire de la RN90, l’axe routier principal du secteur, à fermer le tunnel le temps que la chaussée redevienne praticable et à dévier la circulation par les communes alentour. Cette situation durait depuis près de 25 ans. La DIR a recherché une solution pour déboucher cette canalisation pour n’avoir pas à procéder à son remplacement en tranchée, ce qui aurait nécessité la fermeture du tunnel pendant un mois au minimum.

La solution mise en œuvre par Orea a consisté à positionner une buse d’hydrodémolition (buse à jet plat) en lieu et place des outils positionnés habituellement sur la tête d’un robot. Pour cela, une petite pièce rectangulaire équipée de pas de vis a été usinée pour l’adapter sur le bras de levier du robot de fraisage et munie d’un orifice permettant de relier la tête de buse à un flexible THP/UHP raccordé sur un groupe Haute Pression FALCH, pouvant fonctionner jusqu’à 3000 bars.

Cette configuration permet de procéder à des travaux d’hydrodémolition en canalisation sous contrôle vidéo avec une équipe de 3 à 4 personnes.

Réalisations et perspectives

Le premier essai dans le tunnel de Ponserand s’est avéré concluant : le débouchage de la canalisation et le rétablissement de l’écoulement ont été réalisés en moins d’une semaine. L’enlèvement des principaux dépôts a ensuite nécessité une semaine complémentaire et la « remise à blanc » complète de la canalisation une semaine de plus. La canalisation a ensuite été chemisée pour s’affranchir de tout risque de perte d’intégrité induit par la campagne d’hydrofraisage et d’hydrocurage. 55 ml de canalisation DN 500 ont été débouchés et réhabilités en 3 semaines.

Plusieurs maîtres d’ouvrage ont par la suite commandé la mise en œuvre de cette technique innovante :

  • enlèvement de dépôts de béton dans une canalisation d’eaux industrielles DN500 obstruée à 50 % (Centre de Recherche de Solaize de la société TOTAL, décembre 2020)
  • débouchage de la canalisation d’évacuation d’une fontaine (mairie de Grand-Aigueblanche 73 février 2021)
  • débouchage du drain principal du tunnel du Siaix (Saint-Marcel) (DIR Centre-Est, août 2021);
  • débouchage d’une canalisation d’évacuation d’eaux de source obstruée à 80 % (mairie de Montbonnot-Saint-Martin, mars 2022).

Critère Environnemental

Ce procédé est la seule solution technique existante permettant de déboucher efficacement des canalisations non visitables obstruées par des dépôts durs. C’est donc la seule alternative au remplacement de ces canalisations en tranchée, avec les impacts environnementaux que cela implique (transport, déblais/remblais, déviations de circulation…).

La consommation d’eau du groupe UHP dans cette configuration est limitée (environ 20 l/minute), sachant que le robot ne fonctionne pas en permanence sur le chantier.

D’une manière générale, lorsqu’il peut être mis en œuvre, le débouchage d’une canalisation par hydrofraisage est plus avantageux qu’un remplacement en tranchée : plus rapide, moins énergivore et a fortiori moins cher pour les maîtres d’ouvrage !

Critère technique

Cette solution est en moyenne 5 fois plus efficace que la technique de fraisage mécanique sur les dépôts durs en grande quantité.

Critère social

Pour le personnel, cette technique s’avère d’autant plus intéressante qu’elle est mise en œuvre en toute sécurité, sous contrôle vidéo depuis la régie du robot installée dans un fourgon.

D’autre part, dans l’exemple du tunnel de Ponserand, avant l’intervention, la fermeture du tunnel lors de chaque épisode pluvieux n’était pas sans conséquence : lors des grands départs en vacances, notamment en hiver, la RN90 supporte un très fort trafic routier. En outre, lorsque les grands cols de Savoie sont fermés à la circulation (Petit-Saint-Bernard, Iseran, Madeleine), la RN90 devient le seul axe routier permettant d’accéder en Tarentaise. En cas de fermeture, les habitants de la vallée peuvent donc se retrouver isolés du reste du territoire.

Critère partenarial

La DIR Centre-Est a fait confiance à l’entreprise pour tester cette solution technique et la déployer ensuite plus largement.

Le chantier en images