Réalisation d’un double siphon par microtunnelier

 

Maître d’Ouvrage : MEL-Métropole Européenne de Lille
Maître d’Oeuvre : MEL-Métropole Européenne de Lille
Entreprises : Eiffage GC Réseaux / Eiffage Fondations
Sous-traitant G3 : Forexi 
Sous-traitant palplanches :Leduc

Lieu des travaux : Canal de la Deûle, avenue de Dunkerque à Lille (59)

Description du chantier

Dans le cadre du réaménagement du canal de la Deûle par VNF (Voies Navigables de France) pour le projet Seine Nord, un draguage du fond de la Deûle va être réalisé, induisant la destruction du double siphon actuel reliant le quartier de Bois Blanc et le Port de Lille. Un nouveau double siphon doit donc être créé, tout en maintenant en service le réseau actuel le temps des travaux.

Les travaux consistaient alors en la réalisation de deux tirs de microtunnelier en parallèle pour la pose de tuyaux DN1200 en béton armé. Le tout en assurant la gestion des contraintes environnementale notamment liée à la proximité directe du canal, de ses usagers ainsi que de certaines plantes invasives.

Spécificités du projet

Proximité du canal et du chemin de halage

Les travaux de raccordement amont du siphon (puits de sortie des microtunneliers) ont eu lieu sur le chemin de halage du canal, utilisé par de nombreux piétons et cyclistes. Un itinéraire de déviation viable et sécurisé a été mise en place au-dessus du pont afin de maintenir une continuité de passage.

Maintien en service de l’ancien siphon durant les travaux

L’un des enjeux principaux de ce projet a été de créer une chambre de raccordement pour raccorder l’aval et de modifier la chambre existante côté amont tout en maintenant en service l’écoulement et le fonctionnement de l’ancien double siphon.

Géologie et présence de la nappe

Les deux microtunneliers ont été réalisés à 10 mètres de profondeur sous 7 mètres de charge d’eau. L’impossibilité géologique d’injecter le terrain au niveau des tympans de sortie du microtunnelier a nécessité l’intervention de scaphandriers pour sortir la machine en puits noyé.

Rencontre d’un obstacle sur le microtunnelier

Lors du premier tir de microtunnelier un obstacle métallique et du béton ont été rencontrés à la jonction entre le quai du port de Lille et le canal de la Deûle. Le forage a été arrêté afin de procéder à des investigations complémentaires. Le forage a pu reprendre avec l’accord de tous les intervenants. L’obstacle métallique rencontré (non identifié à ce stade) a finalement été traversé et partiellement trainé jusqu’à la sortie de la machine 40 mètres plus loin. Des investigations complémentaires ont été nécessaire pour déterminer la nature de l’obstacle et de définir le risque de le rencontrer sur le second tir. Des sondages obliques avec mesures géophysiques sur le quai et dans le canal ont mis en évidence la présence d’objet métallique sur le second tir. Le démontage de la poutre de protection du quai a permis la découverte de pieux en HEB200 en renfort du quai espacé de 1.90m. Un nouveau tracé du second tir de microtunnelier a été décidé, en courbe pour passer entre deux pieux HEB avec à peine 10 centimètres de marge de part et d’autre. Ce second tir a pu être réalisé sans encombre avec 3 mois de retard.

Adaptation aux ouvrages rencontrés

La chambre amont devait se faire au droit du regard du siphon existant. Les sondages ont montré que ce regard était une chambre béton armé de plus de 5 mètres de large. Une reconnaissance précise a permis de modifier le projet initial et d’adapter la géométrie de cette chambre pour s’y raccorder directement, le tout en maintenant le réseau en fonctionnement, limitant ainsi le volume de béton et le coût des adaptations.

Aspect environnemental

La gestion environnementale effectuée sur le projet peut être décomposée en 4 axes principaux :

Axe 1 : Réduction de l’Impact Environnemental par une utilisation optimisée du béton

La gestion environnementale du chantier s’est distinguée par la réduction significative de l’utilisation de béton pour minimiser les émissions de CO2 et le prélèvement de ressources naturelles. La boite du puits de sortie du microtunnelier, future chambre GC, a été réalisée directement en palplanches. Ce procédé a ainsi évité un apport en matériaux de remblais de 200 tonnes environ ainsi que la mise en œuvre de 250m3 de béton pour les pieux sécants prévus initialement. La décision d’aménager la chambre existante en amont a également évité la mise en œuvre de 35 m3 de béton armé qui aurait été nécessaire à la création d’une nouvelle chambre. Cette approche a diminué de 30% la quantité de béton mise en œuvre sur le chantier.

Axe 2 : Prévention et Gestion des risques environnementaux grâce à des barrières flottantes anti-pollution.

Pour prévenir et contrôler tout impact négatif sur les écosystèmes environnants en particulier pour les risques de pollution, une des solutions adoptée est l’utilisation de barrières flottantes anti-pollution, visant à contenir et à réduire la propagation des déversements accidentels de substances dangereuses dans le canal. Ces barrières flottantes ont agi comme une première ligne de défense contre les déversements de produits chimiques, d’hydrocarbures ou d’autres substances polluantes potentielles.

Axe 3 : Valorisation responsable des terres contaminées par la renouée du Japon grâce à une gestion ciblée et une réutilisation sur site

Face au défi de la gestion des terres contaminées par la Renouée du Japon, une espèce envahissante aux effets dévastateurs sur les écosystèmes locaux, la stratégie a été de mettre en place un processus de gestion des terres contaminées, incluant l’identification, l’isolation et la réutilisation contrôlée de ces matériaux sur site. Les zones affectées par la Renouée du Japon ont été cartographiées puis isolées et désignées comme des zones de stockage spécifiques, où les terres contaminées ont été entreposées de manière sécurisée, en évitant tout risque de propagation de cette espèce nuisible. Ce confinement contrôlé, a permis de réutiliser ces terres sur le chantier dans des sites ne craignant pas de nouvelles contaminations de la Renouée et évitant ainsi les fortes émissions liées au transport et au traitement de ces terres dans des centres spécialisées.

Axe 4 : Optimisation de la gestion des boues de forage par l’utilisation de centrifugeuses pour la séparation des déblais solides et des boues liquides

A l’aide d’une centrifugeuse suffisamment dimensionnée l’évacuation de boues de forage en centre de traitement a été évitée. Cela a permis de n’évacuer que des déblais inertes revalorisés dans des carrières Eiffage Route.

Aspect social

Le chantier a été réalisé devant les bureaux du Port de Lille. L’installation a été conçue pour limiter au maximum la gêne aux employés du Port et aux camions de livraison en flux constant dans la zone. Le maintien des écoulements de l’ancien siphon a permis de limiter l’impact du chantier pour les usagers. La mise en place d’une déviation du chemin de halage a permis de maintenir les flux de promeneurs et sportifs en bord de canal. Le travail de l’ancien talus et l’aménagement d’une piste sur un ancien chemin boueux pour accéder à la zone de chantier a permis de créer un nouvel accès sécurisé au chemin de halage pour les usagers. Cette piste a donc été laissée en place en fin de chantier.

Partenariat

Le succès de ce projet n’a été possible que grâce à la bonne entente et à la coordination des intervenants entre eux. Lors des études d’exécution, les bureaux d’études des entreprises et du maître d’œuvre sont parvenus à des consensus sur le choix technique de la réalisation du puits de sortie et sur les modalités de raccordement sur l’ouvrage existant découvert durant le chantier. Cette entente entre les intervenants a également permis de mettre en œuvre toutes les méthodes d’identification et de franchissement de l’obstacle afin de rendre possible la réalisation du second tir sans précipitation malgré les enjeux d’immobilisation et de retard induits par les investigations complémentaires.

Le chantier en images